Certaines rencontres, comme l’union de certaines sensibilités artistiques, relèvent du domaine de l’évidence. Loin des instantanés de vie ou de paysages, les photographies de Coralie SANSON sont au sens strict du terme de véritables points de vue. Son oeil expert calibre, trace, découpe, délimite, organise l’espace à conserver, joue de la distance ou de la hauteur, séquence la narration. Les choses comme les personnages sont clairement disposés, voire utilisés, pour devenir les éléments d’une construction singulière. Dans cette composition éphémère et esthétique, la couleur joue un rôle primordial et les passages en douceur de toutes les tonalités de gris vers des pointes de couleur complètent et consolident le rythme de l’image. Comme le recours aux brumes, buées et brouillards qui ouatent la prise de vue et privilégient un détail. Comme à l’opposé parfois, l’étincelle Pop'art gaiement saturée. Effets travaillés ou naturels, qu’importe. Avec la ville en terrain de jeux, la photographe multiplie les « saisies », emprisonne les impressions et redistribue le rêve sur papier tout format.

Coralie Sanson découvre très vite la photographie, d'abord l'argentique pratiquée avec son père. Il lui transmet les techniques de développement de films et de tirages photo, la magie de la montée des noirs, puis des gris dans cet espace rougeoyant du laboratoire. Sa mère, peintre et sculpteur, lui transmet le goût du cadrage et de la composition. Plus tard, l'arrivée des techniques numériques et le possible travail de retouches lui ouvrent un univers très différent d'exploration de l'image. Les expérimentations sont nombreuses, parfois surprenantes, et toujours addictives.